4e de couverture

E22 - Paméla Chevrier : J'ai survécu aux traumatismes grâce à l'écriture

Jo Season 1 Episode 22

Plongez dans le parcours extraordinaire de Paméla Chevrier, auteure résiliente qui a transformé ses traumatismes d'enfance en une carrière littéraire diversifiée et inspirante. Victime d'abus et de violence pendant son enfance, ballottée dans le système de la protection de la jeunesse, Paméla nous raconte comment l'écriture est devenue sa planche de salut quand les thérapies conventionnelles ont échoué.

Avec une franchise désarmante, elle nous présente sa duologie d'horreur "Madeleine", un exutoire littéraire pour sa colère, et partage les dessous de son autobiographie "Le journal d'un mouton noir". Ces œuvres, nées de sa souffrance, sont devenues des outils précieux pour d'autres victimes qui y trouvent compréhension et réconfort. "La seule chose qui m'a aidée, ça a été d'écrire, parce que je parlais et j'avais l'impression que personne ne comprenait," confie-t-elle.

Au-delà de ses écrits plus sombres, Paméla révèle sa facette maternelle à travers "Amandine, la princesse aux mille émotions", co-écrit avec sa fille, et son recueil humoristique "Histoires de mère, histoires de merde". Sa philosophie de vie, centrée sur la résilience et les petits pas quotidiens vers la guérison, nous rappelle que "le vrai courage, ce n'est pas d'avoir peur, c'est d'y aller, de continuer, même quand on a peur." Une conversation touchante qui démontre comment les traumas les plus profonds peuvent se transformer en force créatrice et en message d'espoir.

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4e de couverture:

Paméla Chevrier:

Il faut se développer une force mentale, il faut se créer une barrière aussi émotionnelle, à un moment donné, de se dire je ne peux pas me laisser tout le temps submerger par tout ce que je veux. Pendant longtemps, j'ai vivi avec une grosse barrière, je me coupais de toutes mes émotions. Puis, à un moment donné là, j'ai fait ok, aujourd'hui, je m'autorise à m'enlever.

Narrateur:

Pamela Chevrier a transformé ses traumatismes d'enfance en aventure littéraire. Sa duologie d'horreur intitulée Madeleine est un projet thérapeutique qui lui a permis de canaliser la rage issue de son passé marqué par la violence et l'abandon. En co-écrivant Amandine, la princesse aux mille émotions, avec sa fille, elle aide les enfants à gérer leurs émotions. Son autobiographie, le journal d'un Mouton Noir, offre du réconfort aux victimes d'abus comme elle. Avec humour. histoire de mer, histoire de merde, pamela vise à déculpabiliser les mères. Son approche de la vie affronter les difficultés, trouver sa force intérieure et ne jamais abandonner, c'est mon histoire à moi.

Paméla Chevrier:

Je tenais à la partager parce que je sais que ça peut aider des gens qui ont vécu du similaire, des gens qui ont vécu soit des agressions sexuelles, la violence conjugale, la violence psychologique de l'abandon. J'en parle dans ce livre-là parce que c'est ce que j'ai vécu. La seule chose qui m'a aidée, ça a été d'écrire, parce que je parlais et j'avais l'impression que personne ne comprenait.

Jocelyne Sema:

Pamela. Est-ce que tu pourrais te présenter pour nos auditeurs qui ne te connaissent pas encore?

Paméla Chevrier:

En fait, je m'appelle Pamela Chevrier, je suis auteure de thriller à suspense un fait vécu d'humour. J'ai un petit livre aussi pour les enfants, que j'ai fait avec ma fille, c'est sur la gestion des émotions. Je suis une très grande passionnée d'écriture, de lecture, d'humour évidemment, vu que j'en ai écrit aussi.

Jocelyne Sema:

C'est quoi le premier livre que tu as écrit En?

Paméla Chevrier:

fond, c'est les deux premiers, C'est une duologie d'horreur. Donc ça, c'est le tome 1. Ça s'appelle Madeleine le pardon Et il y a sa suite, qui est parue un an plus tard, madeleine la vengeance. C'est très violent. Je ne vais pas dans la douceur avec ces deux romans-là. C'était vraiment pour extérioriser toute la colère que j'avais Dans les événements. Je le présente comme étant 16 ans et plus. Puis, je me trouve généreuse avec le 16 ans, parce que c'est pas tous les jeunes qui vont comprendre que c'est du fictif, qu'il n'y a rien de vrai dans l'horreur qui est décrite. On va dans le cannibalisme, il y a des passages sur les agressions sexuelles. Je traite vraiment de beaucoup qui est violent Donc, qui est violent.

Paméla Chevrier:

Donc, j'aimerais mieux le dire 18 ans et plus. Mais je sais qu'il y a des jeunes qui aiment ça Quand c'est trash. J'en fais partie. Ça a été un processus plus thérapeutique qu'amusant, disons, à écrire, parce que je suis quelqu'un qui garde beaucoup en dedans d'elle. Et là, je me suis dit si je veux pouvoir écrire de la qualité, il faut que je commence par sortir le méchant. Donc, j'ai été là-dedans.

Jocelyne Sema:

Tu as dit que tu as écrit parce que tu avais beaucoup de colère et il fallait que ça sorte. Oui, est-ce que tu veux élaborer sur cette colère?

Paméla Chevrier:

J'en parle beaucoup dans mon fait vécu, qui est sorti l'année dernière, il y a bientôt deux ans. Je n'ai pas eu une enfance joyeuse, je vais le dire comme ça. J'ai été un enfant qui a été amené dans le système de la protection de la jeunesse à deux reprises. J'ai vécu des abus, j'ai vécu de la violence conjugale. J'ai vraiment eu un gros package, mais j'avais jamais réussi à tout extérioriser. Même avec les thérapies, je gardais beaucoup de choses en moi parce que j'avais peur Et, dans le fond, la seule façon que j'ai trouvée pour sortir tout ça, ça a été dans l'écriture. Donc, quand je me suis créée, le personnage de Madeleine dans ma tête, qui représente beaucoup tout ce qui m'a fait souffrer, je l'ai emmenée comme personnage principal dans mes deux premiers livres et c'est elle qui a fait en sorte que j'ai sorti tout le méchant. J'ai fait sortir le méchant via ce personnage-là Et là, maintenant, ça va bien.

Jocelyne Sema:

Madeleine, tu les as écrits quand Ça fait? combien de temps?

Paméla Chevrier:

Le premier Madelaine, j'ai commencé à l'écrire je devais avoir 17-18 ans. Ça m'a pris jusqu'à mes. ça est sorti en 2022. Donc ça a été un long processus parce que je suis rendue à 30 ans déjà. Je l'ai sorti, j'avais 26, 27, 28 peut-être. Oui, on est en 2025, donc 27. Et la suite est sortie l'année suivante.

Jocelyne Sema:

Est-ce que ça t'a aidée?

Paméla Chevrier:

Oui, oui, vraiment beaucoup. Ça m'a vraiment beaucoup aidée. Ça a fait tout sortir ce que j'avais à sortir, Et là je peux me concentrer sur vraiment des projets qui me plaisent beaucoup plus.

Jocelyne Sema:

OK.

Paméla Chevrier:

Donc ton troisième, Mon troisième, c'est le petit livre pour enfants que j'ai fait avec ma fille. Je suis vraiment contente de ce petit projet-là. C'est elle qui m'avait demandé, dans le fond, d'écrire un livre pour aider les enfants à gérer leurs émotions. Ça s'appelle Amandine, la princesse aux mille émotions.

Jocelyne Sema:

Elle a quel âge ta fille?

Paméla Chevrier:

Là, elle a eu 9 ans à la fin du mois de février. Là, elle a eu 9 ans à la fin du mois de février. On l'a sorti, le livre, elle avait 7 ans, 6-7 ans, elle était en maternelle quand on l'a sorti Et, dans le fond, c'est l'histoire d'une petite princesse qui n'arrive pas à gérer ses émotions. Ça le dit quand même bien. Dans ce petit livre-là, on va explorer 3 émotions principales chez l'enfant la joie, la colère et la tristesse. Et, dans le fond, la petite princesse, quand elle n'arrive pas à gérer ses émotions, il y a une grosse péripétie qui arrive. C'est quand même très loufoque. Si elle est triste, il peut y avoir une tempête de pluie. Quand elle est contente, ça amène du vent, parce que c'est comme ça que ma fille voit la joie. Quand c'est trop intense, ça amène une grosse tempête. Si c'est de la colère, bien là il y a du feu, il y a le soleil qui chauffe trop Vraiment pour imager les émotions Et à la fin de chaque péripétie, elle donne un truc sur elle, comment elle va arriver à gérer cette émotion-là.

Paméla Chevrier:

Donc, ça peut être d'aller voir papa-maman avec un gros câlin pour gérer la tristesse. Ça, câlin pour gérer la tristesse, ça peut être de nommer avec des mots plus enfantins comment qu'elle présente sa colère. Ça peut être juste de faire du yoga. C'est vraiment tous ces petits outils à elle qu'elle utilise Pour les deux.

Jocelyne Sema:

Ça tu dis, l'idée vient de elle.

Paméla Chevrier:

Oui, c'est tout elle, Dans le fond. Elle, elle m'a donné l'histoire Et moi, je l'ai verbalisée pour le texte. Donc, c'est toute elle qui a eu le droit de choisir de quoi vont voir l'air les personnages, Comment qu'on va nommer les choses, La description de chaque scène. C'est toute elle qui m'a dit ben moi, maman, j'aimerais ça, qu'il y ait un enclos avec des cochons. Parfait, on va faire un enclos avec des cochons. Qu'il y ait un enclos avec des cochons. Parfait, on va faire un enclos avec des cochons. J'aimerais que Amandine soit une princesse. Elle vit dans un château. Parfait, on va amener le château Quand elle est triste. Moi, quand je suis triste, ça fait une grosse inondation. Parfait, on va créer l'inond. Ça avait l'air, Est-ce que tu?

Jocelyne Sema:

es satisfaite du résultat.

Paméla Chevrier:

Oui, très satisfaite et contente. Puis, justement, elle veut travailler sur une suite de Amandine.

Jocelyne Sema:

Donc ce serait le quatrième qui s'en vient Dans mes livres, ça serait un, deux, trois, quatre, cinq.

Paméla Chevrier:

Ça serait mon sixième.

Jocelyne Sema:

OK, bon, continue, c'est quoi.

Paméla Chevrier:

Donc, là, après les deux, madeleine et Amandine, est arrivé justement le journal d'un mouton noir, qui est mon histoire à moi. Je tenais à la partager parce que je sais que ça peut aider des gens qui ont vécu du similaire, des gens qui ont vécu soit des agressions sexuelles, la violence conjugale, la violence psychologique de l'abandon. J'en parle dans ce livre-là parce que c'est ce que j'ai vécu. Je le présente sous forme de journal intime parce que, pendant longtemps, je l'ai maintenu dans des jours Cahiers. en vieillissant, ça a été sur l'ordinateur, Après ça, ça a été tourné dans des cahiers, donc j'avais plein de notes éparpillées Et évidemment, ma mémoire n'a pas oublié tout ce que j'ai vécu.

Paméla Chevrier:

Ça a été une autre petite thérapie, ça a fait vraiment du bien. puis, j'ai beaucoup de lectrices parce que c'est plate. C'est souvent les femmes qui vivent. ça, souvent les hommes. s'ils le vivent, ils gardent ça pour eux, puis ils n'en parlent pas. J'ai eu plusieurs femmes dans des événements qui sont venues me voir puis qui m'ont dit Pamela, ton livre, ça m'a permis de voir que je ne suis pas seule. Ça mieux de mieux gérer ce qui m'est arrivé, d'aller chercher l'aide, parce que je nomme beaucoup d'outils aussi dans ce livre-là SOS, violence Conjugale, tel Jeune, le CAVAC, le CALAC, les services de la protection de la jeunesse. ils m'ont brisé, mais ils m'ont aussi aidé à certains moments. Donc, j'en parle beaucoup dans ce livre-là, de tout le bien que j'ai pu en tirer au travers, parce que je me considère pas nécessairement comme une victime, parce que je suis passé par dessus ça, je me considère plus comme une battante, comme une survivante de tout ça.

Jocelyne Sema:

donc, là, j'ai tout amené pour les gens qui ont vécu cette situation là mais dans madeleine tu essaies déjà de raconter un petit peu toute la colère qui est en toi. Et là tu as choisi encore un livre, mais un différent genre. Oui, pourquoi?

Paméla Chevrier:

Parce que Madeleine, il y a beaucoup de fictifs. Madeleine, c'était vraiment pour sortir la violence. C'est souvent gratuit. La violence dans Madeleine, il n'y a pas nécessairement toujours une raison, mais dans le journal d'un mouton noir, c'est que c'est 100% vrai. Il n'y a pas de romance, il n'y a pas de violence gratuite. Ça a été de la violence gratuite qui m'a été faite à moi, parce que les gens ont choisi de me faire du mal, mais c'est que du réel. Donc, là, c'est plus un outil pour les gens, parce que moi, oui, ça fait du bien de le sortir, mais je veux aussi aider autour. Pamela, les abus et toutes les douleurs que tu as subies, est-ce que c'était avant que tu n'entres dans le système de la DPJ, après, ou les deux? Avant, pendant, après, ça a été vraiment, je te dirais, de mes 8 ans à mes 16 ans. Ça a été assez intense, de 8 à 16, j'étais avec la DPJ. Dans le fond, ma mère était mariée avec un homme qui n'était pas très gentil, qui nous a fait du mal, à moi et ma soeur.

Paméla Chevrier:

Est-ce que c'est mon beau-père. Bien, c'était mon beau-père. Mon père, lui, quand il a été au courant de tout ça, mon père, c'est comme un ours Si tu fais du mal à ses enfants, il va vouloir faire du mal après. Donc, il y a eu beaucoup de travail sur lui pour ne pas se ramasser en prison, pour pouvoir être avec nous, parce qu'on s'entend que toucher à ses deux filles, ça se fait pas. On a été placés chez lui avec la DPJ pendant un certain temps, mais mon père n'avait pas les moyens de subvenir à nos besoins sur le long terme.

Jocelyne Sema:

Mais ces parents qui veulent justement chez qui les enfants sont placés, est-ce qu'ils ne reçoivent pas de l'aide?

Paméla Chevrier:

Pas beaucoup À l'époque, il n'y avait vraiment pas beaucoup d'aide. Je dirais que nous, ils ont essayé de nous aider, mais ça a échoué lamentablement. On avait des rencontres, peut-être une fois par mois, avec la DPJ à la maison. Puis ils faisaient juste nous ramener dans le passé, nous parler de ce qu'on avait vécu, et non nous montrer comment aller de l'avant. Donc, on restait tout le temps dans ce cercle-là Et c'est ce qui a fait que mon père, à un moment donné, il a fait On n'a pas de ressources, comment je peux aider mes filles à passer au travers si on n'a pas de ressources? Fait que lui, il dépensait quand même beaucoup d'argent pour essayer de nous aider, mais malheureusement, cet argent-là, il ne l'avait pas, fait que c'était à crédit. Tout le temps, il s'est endetté énormément pour pouvoir nous aider. Donc, à un moment donné, il a dit Là, les filles, je ne peux plus vous aider, je n'ai plus les moyens. Je voudrais, mais je ne peux pas. La DPJ nous a retournés chez ma mère avec notre agresseur, parce que ma mère vivait encore avec lui.

Jocelyne Sema:

C'est la question que je voulais te poser Ta mère est au courant de tout ça? Oui, elle est au courant, ok.

Paméla Chevrier:

Ma mère ne nous a pas cru pendant très longtemps. Elle pensait qu'on cherchait de l'attention Et, à un moment donné, elle n'a pas eu le choix de s'ouvrir les yeux. Mais ça, ça a été trop tard.

Jocelyne Sema:

Et là, c'était avec ta soeur. C'était ta grande soeur, ta petite soeur.

Paméla Chevrier:

J'ai une grande soeur. Elle elle a plus de caractère que moi Fait qu'elle a réussi à mettre plus rapidement fin aux agressions qui étaient commises sur elle. Elle l'a carrément nommée lâche-moi, je veux pas que tu me touches, mais moi, à ce moment-là, j'étais plus jeune, j'avais 8 ans, et je n'avais pas de caractère, mais vraiment pas. J'étais juste figée par la peur.

Jocelyne Sema:

C'est normal pour n'importe qui, Oui, mais j'aurais aimé avoir le caractère de ma soeur à ce moment-là et dire mon gros tabarnak touche-moi pas, mais à la place, j'étais juste figée et j'endurais.

Paméla Chevrier:

Et ta Ta mère a ouvert les yeux lorsque tu avais? quel âge? 18 ans, non, mon Dieu, à 18 ans, parce que j'ai fait du in and out avec la DPJ jusqu'à 16 ans. À 18 ans, il ne s'occupe plus de toi. J'ai été placée chez mon père, chez mes grands-parents, retourne chez ma mère, retourne chez mes grands-parents, vraiment tout le temps, jusqu'à ce qu'elle décide de se divorcer. Ça a été très tard Et quand elle a divorcé, elle sortait beaucoup dans les bars. Elle ne s'occupait plus de nous, mais vraiment plus. On était rendus grands de toute façon, on était capables de s'occuper de nous, mais ça aurait quand même été apprécié. Et un soir, elle est revenue saoule, mais vraiment très saoule. J'étais couchée, elle est rentrée dans ma chambre, puis elle m'a dit Je suis désolée, pam, j'aurais dû te croire.

Jocelyne Sema:

Qu'est-ce que ça t'a fait à ce moment-là?

Paméla Chevrier:

J'étais en colère. J'étais vraiment en colère parce que je me suis dit Ça fait depuis que j'ai 8 ans qu'on te le répète. Mais il a fallu que deux femmes qui connaissaient son ex-mari lui disent c'est un pédophile pour qu'elle réalise que, finalement, ma soeur et moi, on disait pas de la marde.

Jocelyne Sema:

Est-ce qu'eux ils ont eu des enfants après vous?

Paméla Chevrier:

Non, Non, ma mère, elle a eu ma soeur, moi et mon petit frère, mon petit frère d'une union avant que tout ça commence. Donc, mon frère, c'est pas mon vrai frère, c'est mon demi-frère, mais je l'ai vu naître, donc c'est mon frère.

Jocelyne Sema:

Donc ça, c'était les relations avec papa et maman en gros. Maintenant la DPJ.

Paméla Chevrier:

La DPJ. ce qu'elle a fait, c'est qu'elle nous a juste abandonnés. à un moment donné, Ils nous ont fait voyager d'un milieu à l'autre, en nous retournant souvent chez notre agresseur. Puis, à un moment donné, ils ont fait bien là, la police dit que c'est pas vrai, monsieur a été déclaré non coupable, Donc on s'en va. Ils nous ont juste laissé aller.

Jocelyne Sema:

Donc, il y a quand même eu une enquête à un moment donné.

Paméla Chevrier:

Oui, il y a eu une enquête, il y a eu un procès, mais faute de preuve, ils l'ont déclaré non coupable. Il est encore en liberté aujourd'hui.

Jocelyne Sema:

Dans une autre famille, sûrement.

Paméla Chevrier:

Sûrement, sûrement. Moi, je ne me tiens pas au courant de ce qu'il fait. Le moins je le vois le mieux. c'est Malheureusement. on vit dans la même ville, mais je l'ai croisé à quelques reprises. Il m'a reconnu, il sait je suis qui. Puis, à chaque fois, ça fait remonter des choses qu'on ne voudrait pas revivre. J'ai souvent pensé à repartir dans les procédures contre lui, mais je me dis je suis rendue à 30 ans, ça va servir à quoi? Même si je veux rouvrir le dossier, la police va sûrement dire la même affaire que quand j'étais petite Il ne t'a pas pénétré avec son pénis.

Jocelyne Sema:

Et tes relations avec ta soeur. Est-ce que ça ça vous a rapprochées ou ça vous a éloignées?

Paméla Chevrier:

On a toujours été là l'une pour l'autre, peu importe ce qui arrivait. On a souvent été en conflit. Mais c'est ça, des sœurs, ça se chicane.

Jocelyne Sema:

Mais dès qu'il arrive quelque chose, on est tout le temps là l'une pour l'autre. Dans un sens, oui, ça nous a rapprochés, mais en même temps, je pense que ça n'a pas changé notre relation. Et là, on vous baladait de la DPJ chez votre mère, chez votre père, blablabla. Vous étiez toujours toutes les deux ensemble.

Paméla Chevrier:

Non, il y a un moment, ma soeur a juste abandonné, puis elle est restée chez ma mère. Donc moi, je me suis souvent retrouvée seule d'un milieu à l'autre. J'ai été longtemps chez mes grands-parents, puis pendant longtemps, ma grand-mère ne m'a pas cru sur ce que je vivais.

Paméla Chevrier:

Donc, mon agresseur, ma grand-mère maternelle. Et pendant longtemps mon agresseur se présentait chez ma grand-mère. Donc j'étais confrontée à lui Jusqu'à ce que je lui dise là, mamie, je me sens pas bien, j'en fais des cauchemars, je veux plus qu'il vienne. Puis c'est là qu'elle a réalisé que je ne disais pas n'importe quoi, que c'était vrai ce que j'avais vécu.

Jocelyne Sema:

Et ton petit frère. Est-ce qu'il vous a parlé de quelque chose? Est-ce que lui, il a été victime aussi?

Paméla Chevrier:

Non, lui, il n'a rien vécu. Bien, il n'a rien vécu. Il a subi au travers ce qu' Il n'y a rien eu. il n'a pas été touché. La DPJ ne l'a pas sorti du milieu. Ils l'ont laissé dans la maison avec ma mère et l'agresseur. Mais mon petit frère nous a toujours cru, nous a toujours appuyé. Dès qu'il nous voyait c'était pam amé puis il nous prenait dans ses bras parce que ça ennuyait énormément de nous, on ne le voyait pas. Donc, ça, ça a été un coup très dur, parce que mon petit frère, c'est mon bébé, c'est une des personnes que j'aime le plus au monde.

Jocelyne Sema:

Puis, si quelqu'un lui, fait du mal, c'est moi qui s'en occupe après. Donc, tout ça, tu as voulu retranscrire dans ton troisième roman.

Paméla Chevrier:

Oui, ça a fait du bien. Puis, c'est là que, justement, il y a plein de femmes qui ont fait Wow, j'ai vécu du similaire, je ne suis pas tout seule, je peux aller chercher de l'aide.

Jocelyne Sema:

Puis je les invite à m'en parler de ce qu'elles vivent, parce que ça fait du bien d'avoir quelqu'un qui peut nous écouter et qui nous comprend. Mais pourquoi tu te fais appeler? Pourquoi tu t'appelles le mouton noir?

Paméla Chevrier:

Je ne sais pas ce que le mouton noir, c'est. toi Justement. ma mère ne nous croyait pas, nous a abandonnés, nous a ridiculisés longtemps Et plus ou moins que les autres, parce que ma soeur, à un moment donné, elle s'est rangée de son côté. Comment ça? Parce qu'elle voulait arrêter de vivre tout ce qu'on vivait. Elle a voulu mettre un terme à tout ça en disant il n'y a rien de vrai.

Paméla Chevrier:

Je veux aller avec maman Et comment tu t'es sentie à ce moment là, trahie, abandonnée, carrément abandonnée. Parce que j'étais tout seule, du haut de mes 10 ans, à ce moment là, à mener la bataille pour que quelqu'un qui ne mérite pas d'être en liberté se fasse enfermer. Moi, c'est ce que je voulais et c'est jamais arrivé parce que j'ai pas eu le support de ma mère. Ma sœur a décidé d'arrêter parce qu'elle était épuisée. Mon petit frère pouvait rien faire c'était encore un petit bébé Et mon père, même s'il voulait nous aider, il pouvait pas faire grand chose parce que la police, la DPJ et compagnie lui disaient de rien faire, de juste être présent pour nous. Donc, j'ai été tout seule. Puis, ça a été difficile. C'est pour ça que je dis que je suis le mouton noir, parce que, justement, on m'a juste laissée aller, puis on ne m'a pas aidée.

Jocelyne Sema:

Pamela, est-ce que tu dis que tu as fait de la thérapie? mais c'est vraiment avec l'écriture que tu as pu te libérer complètement. Est-ce que tu avais l'impression d'être au moins comprise quand et ce cas-là j'ai tant thérapé?

Paméla Chevrier:

Non, vraiment pas, Vraiment pas, parce que souvent, la psychologue, elle n'a pas vécu ce que tu as vécu. Donc, elle, elle va essayer de te donner des conseils, elle va essayer de te donner des outils Et si elle n'a pas vécu ce que tu as vécu, c'est quand même difficile d'aider, de comprendre. Comprendre, de se mettre à la place de l'autre, de faire comme Hey, oui, je te comprends, j'ai vécu ça, Moi, c'est de cette façon-là que je m'en suis sortie. Mais elle, elle pouvait rien faire. J'ai été avec de l'hypnose aussi, Je me suis dit ça va sortir, ça va finir par arrêter de me hanter. Et l'hypnose a juste rien fait. Ça m'a juste encore plus mélangée que ce que j'étais finalement. Donc, c'est là que j'ai dit bon, je vais commencer à écrire. Puis, à un moment donné, peut-être que ça va sortir autrement, Mais c'est la seule chose qui m'a aidée, ça a été d'écrire, parce que je parlais, puis j'avais l'impression que personne ne comprenait.

Jocelyne Sema:

C'être compris, accepté, entendu, ok. Donc, oui, je comprends pourquoi tes livres sont thérapeutiques et, en même temps aussi, ça te permet de donner une voix à certaines femmes qui vivent ou qui ont vécu ce que tu as vécu. Oh mon Dieu, c'est lourd, c'est lourd. Donc, ton troisième livre est totalement autobiographique. Tu partages des expériences réelles que tu as vécues. Et c'est quoi les retours que tu as.

Paméla Chevrier:

C'est tout positif. Les gens apprécient justement l'honnêteté, la transparence. Je l'ai souvent dit, je suis quelqu'un qui ne cache absolument rien. On me pose des questions, je vais répondre, parce que ça sert à rien de cacher des informations si t'as rien à te rapprocher. Donc, ce livre-là, ça a été vraiment de montrer en même temps regarde ça, c'est moi, Tu m'acceptes ou tu m'acceptes?

Jocelyne Sema:

pas.

Paméla Chevrier:

Comment tu te sens sentie, d'être aussi vulnérable, de laisser tout ton vécu sur papier pour que les autres apprécient, et avec la peur d'être peut Ma mère s'est excusée et ça, ça m'a fait du bien. Ma mère m'a écrit à un moment donné. Elle a dit je suis désolée, je ne pensais pas que tu l'avais vécu de cette façon-là, je pensais que ça avait été moins difficile. Et ça, ça m'a fait du bien en disant Colleen, c'est là qu'elle le réalise comment je me suis sentie toutes ces années-là». Je l'ai sorti, le livre. J'avais 29 ans, 28 ou 29 ans, et c'est à ce moment-là que ma mère a fait Je suis désolée, parce que, oui, elle s'était excusée. Elle s'était excusée quand j'avais 18 ans, mais elle était saoule à ce moment-là. Elle s'était excusée quand j'avais 18 ans, mais elle était sourde. À ce moment-là, là, elle était sobre. Elle a lu le livre, puis elle a dit Je suis désolée.

Jocelyne Sema:

Puis, ça, ça m'a enlevé un gros pot. Je suppose qu'avec ta fille, tu es archi-vigilante, tu es toujours à l'écoute, mais comment tu fais pour ne pas passer complètement de l'opposé à être toujours en train de checker? est-ce qu'il se passe quelque chose? qu'elle ne peut pas me dire, qu'elle a peur de me? Puis elle ne se gêne pas. Quand il arrive quelque chose, elle va venir me voir elle va dire Maman, est-ce qu'on peut parler?

Paméla Chevrier:

Puis elle va me raconter ce qu'elle a vécu Et je lui ai promis de toujours, toujours la croire, sauf si je vois que c'est vraiment exagéré. Mais je lui ai dit Tant et aussi longtemps que tu n'auras pas peur de me parler, on va pouvoir travailler ensemble. La journée que tu vas te refermer, je ne pourrai pas t'aider. Et je pense que ça a fait son chemin, parce qu'elle a 9 ans et elle est extrêmement mature sur ce côté-là, dès qu'il arrive un petit quelque chose, sa soeur qui respire un peu trop fort, maman, elle respire trop fort. Elle vient tout me raconter tout de suite. Elle vient tout me raconter tout de suite. Puis, ça, je trouve ça beau. C'est la preuve qu'elle me fait confiance, puis qu'elle sait que je la jugerai pas, pamela.

Jocelyne Sema:

c'est qui la première personne hors ta famille, hors ton frère, ta soeur, qui t'a cru?

Paméla Chevrier:

Une amie à l'école, Donc j'étais en quatrième ou cinquième année quand j'ai décidé de parler.

Jocelyne Sema:

C'était en délire ou primaire.

Paméla Chevrier:

Primaire, Quand j'ai décidé de parler, de raconter à mon amie ce que je vivais, parce que c'était la seule personne avec qui j'avais une relation de confiance. Je lui ai dit qu'est-ce que je vivais à la maison, Et c'est elle qui m'a dit là, il faut que t'en parles.

Jocelyne Sema:

Donc, je suis allée voir, je lui ai raconté ce qui se passait et le lendemain, la DPJ est arrivée. Wow, excuse-moi, c'est mon pire cauchemar mais c'est pas une situation bonne à vivre. Je comprends ton père tout à fait. Il était démuni les gens vont l'écouter, mais je ne suis pas sûre que si moi ça m'arrive, je ne suis pas sûre que ce monsieur, il sera encore vivant non, il a eu des envies de meurtre à 100%.

Paméla Chevrier:

Puis, j'y en aurais pas voulu, j'y en aurais vraiment pas voulu. J'aurais été le visiter avec fierté à la prison. C'est des gens qui méritent pas d'être sur terre, malheureusement.

Jocelyne Sema:

Ok, donc, ça c'était le. On est à combien Au quatrième.

Paméla Chevrier:

Oui, là, il reste Le plus joyeux de la gang, mon petit dernier. C'est un recueil humoristique. Ok, c'est Histoire de mère, histoire de marde, c'est toutes des histoires qui me sont arrivées avec mes enfants, parce que j'ai deux enfants, dont une qui ne m'appartient pas. Je suis belle-mère, mais je la considère comme ma fille, je l'élève comme ma fille, puis j'ai énormément de plaisir à le faire. C'est toutes des petites anecdotes qui me sont arrivées, de la naissance de ma fille jusqu'à ce qu'elle ait environ 7-8 ans, avec, au travers des anecdotes de la fille de mon conjoint, des questions loufoques qu'elle m'a posées qui m'ont fait rire.

Paméla Chevrier:

Je raconte tout ça juste pour alléger le quotidien, Rendre les mamans moins coupables, parce que souvent, on se met tellement de pression pour subvenir aux besoins de nos enfants, quand tout ce qu'ils demandent, c'est un câlin. On veut sortir le grand jeu, on veut les impressionner, puis, finalement, ce qu'ils veulent, c'est d'être collés, de jouer à un jeu de société, et à la fin de la journée, on se dit j'ai-tu réussi ma job. Puis là, on est dans un engrenage sans fin. Fait que je me suis dit un petit livre que tu bois avec une coupe de vin à la maison. Là, juste pour décompresser, ça fait du bien.

Jocelyne Sema:

Donc je vois que tu es une auteure, parce qu'il y a des auteurs qui sont vraiment fixés sur un genre. Par exemple Toi, c'est plus Ce que tu écris va plus avec ton expérience de vie. Oui.

Paméla Chevrier:

Oui, mais là, je travaille justement sur un autre projet qui n'est pas du tout personnel, qui n'est pas une expérience que j'ai vécue, c'est un trailer psychologique. Puis, celui-là, j'ai énormément de plaisir à le faire, parce que j'ai réussi à tout me vider avant d'embarquer dans d'autres histoires. C'est 100 % de l'imagination. Ça rejoint plusieurs choses que j'aime La psychologie, l'humain, le côté un peu sombre de l'humain, parce que c'est toujours divertissant des fois de le voir aller Et c'est vraiment le fun à faire quand, justement, on peut se laisser plus aller, qu'on se met pas de barrière de toutes nos expériences. Donc, là, j'ai du plaisir, j'écris, j'écris ce qui me tente, j'écris ce que mes personnages me disent dans ma tête, parce que c'est eux qui choisissent ce qui va se passer.

Jocelyne Sema:

Est-ce que tu as déjà une idée de quand? est-ce que tu voudrais sortir le livre ou non?

Paméla Chevrier:

Je n'arrête pas de repousser parce que je n'ai pas fini. Je ne suis pas encore satisfaite. J'aimerais qu'il sorte cette année. Il me reste énormément de travail à faire dessus. Je suis dans la réécriture, dans la restructuration de certains chapitres, donc c'est long à faire. Je voulais au début sortir pour le mois de mai, mais on est déjà en mars, donc c'est sûr et certain qu'il ne sortira pas au mois de mai. Ça va peut-être plus aller vers la fin de l'année, mais au moins là, le plus gros effet, l'écriture est faite. Il reste juste à peaufiner, replacer mes chapitres, finir, replacer mes chapitres parce que c'est un livre que je veux faire vraiment différent, un livre que les chapitres vont être mêlés mais que l'histoire va suivre. Donc, le chapitre 1 va se retrouver à la fin du livre, mais l'histoire va suivre, même si tu commences au chapitre 22. C'est vraiment un gros travail, mais c'est le fun.

Jocelyne Sema:

Et là tu parlais aussi de faire ce bon livre avec ta fille.

Paméla Chevrier:

Oui, mais ça je n'y mets pas de pression. C'est un enfant, On va avoir son livre.

Jocelyne Sema:

Ça, ça vient. Le deuxième. L'idée vient de toi ou d'elle encore?

Paméla Chevrier:

D'elle, juste d'elle. Elle m'arrive souvent avec des histoires farfelues. Je dis si tu veux qu'on fasse un livre, écris-moi-le sur un papier. Qu'est-ce que Donc? elle s'amuse avec ça. Puis, on a quelques petits livres de commencé, mais rien de fini. J'attends avec elle, quand elle est prête, on travaille là-dessus.

Jocelyne Sema:

Est-ce que tous les livres que tu as sortis sont en auto-édition ou t'es avec elle?

Paméla Chevrier:

Non, ils ne sont pas tous en auto-édition. La majorité oui, Parce que, dans le fond, j'avais proposé ma série, ma duologie. Madele a des grosses maisons d'édition. Ça ne répondait pas à leur standard, J'étais trop violente. Donc, j'avais été au tout début de mon parcours d'auteur dans une maison à compte d'auteur. Je ne sais pas si tu connais un peu comment ça fonctionne. J'ai déboursé énormément d'argent.

Jocelyne Sema:

C'est ce que j'avais demandé Oui, c'est cher Pour le faire vivre.

Paméla Chevrier:

et finalement, j'ai pas aimé l'expérience. J'ai ressorti mes livres en auto-édition. Ça a été un beau move, mais là, je veux quitter ce milieu-là de l'auto-édition. Je veux rester, justement avec la maison d'édition avec laquelle je travaille depuis maintenant bientôt deux ans, qui est les Éditions sans pitié. C'est eux qui ont publié le journal d'un mouton noir. Tout ce qui va être dans l'horreur, dans le sombre, va être avec eux. maintenant, je ne veux plus être à 100 % en auto-édition.

Jocelyne Sema:

C'est son spécialité dans l'horreur, c'est ça.

Paméla Chevrier:

Oui, tout ce qui va être sombre, la dystopie, tout ce qui va être satirique, l'horreur, la violence, c'est leur spécialité. On leur spécialité, on a beaucoup de plaisir là-dedans, ce qui va toucher l'humour, j'aimerais trouver une maison d'édition pour mes projets. C'est plus difficile à trouver parce que ça ne court pas les rues, ce genre de maison-là, mais là, pour l'instant, mon recueil est en auto-édition, mais j'aimerais ça, un jour, pouvoir l'avoir avec une maison.

Jocelyne Sema:

Est-ce que tu as déjà pensé à faire, je ne sais pas, des conférences, des choses. de même, pour parler directement aux gens qui ont vécu ce que tu as vécu, proposé On me l'a proposé.

Paméla Chevrier:

Mais je suis quelqu'un qui est quand même assez gênée Devant le public. J'ai beaucoup, beaucoup de difficultés à parler. Je fige, j'ai carrément peur. Mais c'est sûr qu'un jour j'aimerais franchir cette barrière-là, puis aller voir les victimes, leur parler, hommes, femmes, enfants. J'aimerais pouvoir leur dire c'est possible de s'en sortir. J'aimerais ça être capable. Mais pour l'instant, je ne suis pas encore rendue là dans mon cheminement. J'ai trop de travail à faire sur moi-même pour pouvoir aller, aller plus.

Jocelyne Sema:

Est-ce que tu suis une thérapie en parallèle ou t'as laissé tomber?

Paméla Chevrier:

J'ai quitté tout ça. Je me suis dit je vais me guérir moi-même, parce que les psychologues, pour moi, ça m'aide pas. J'écris, je fais du sport, je suis un peu plus à l'aise de parler, mais c'est encore quelque chose de difficile. Quelque chose de difficile. J'ai un conjoint formidable qui m'écoute quand j'en ai besoin. Donc, déjà là, c'est quand même une bonne étape de fait. Mais un jour, je sais que je vais être plus outillée pour pouvoir m'en sortir encore mieux. Mais je trouve que j'ai quand même un bon parcours de fait.

Paméla Chevrier:

Pamela, pour ceux qui te regardent aujourd'hui qu'est-ce que tu veux qu'ils retiennent de toi Que je sois un humain? Qu'est-ce que ça veut dire être un humain Dans le fond? souvent, les gens vont voir l'auteur avant, l'humain derrière. Ils vont se dire qu'on n'a pas nécessairement de vécu. J'ai rencontré beaucoup de gens qui se disent t'écris de l'horreur, tu devrais être capable de passer au travers. C'est pas vrai. On est des humains en arrière. On a des émotions, on a notre vécu. Chacun a son bagage, chacun a son parcours. J'aimerais que les gens retiennent que le mien est particulier. Oui, mais je veux pas qu'on me voie en victime. Je veux qu'on me voie en battante.

Jocelyne Sema:

Est-ce que tu as un travail à côté de?

Paméla Chevrier:

l'écriture. Oui, Malheureusement, au Québec, on n'est pas assez cool pour pouvoir en vivre à 100 %. C'est très rare les auteurs qui y arrivent. J'ai un travail. Il est loin d'être en lien avec l'écriture. Je travaille pour une compagnie de revalorisation de sol, donc on travaille pour l'environnement. C'est vraiment deux univers totalement différents. Les deux sont autant le fun. J'adore ce que je fais en tant qu'auteur, mais j'adore aussi ma job pour l'environnement. J'aime ça, voir tout ce qu'on réussit à accomplir, à remettre à l'environnement Tout ce qui a été contaminé. On le décontamine, puis on a vraiment du plaisir à le faire. On est une belle gang. Donc, c'est deux mondes que j'aime.

Jocelyne Sema:

Dis-moi, si tu avais des ressources illimitées là en termes d'argent, de temps, de personnes, de compétences, quel projet est-ce que tu t'engagerais là maintenant?

Paméla Chevrier:

Ça peut être n'importe quoi, pas forcément littéraire.

Jocelyne Sema:

Bien, c'est sûr que j'.

Paméla Chevrier:

Là, je suis éditrice aussi pour les éditions sans pitié. Donc, c'est une bonne partie de mon rêve de réaliser. Si j'avais illimité d'argent, je me partirais de ma maison, je donnerais une chance aux auteurs qui ont été refusés, je les aiderais à retravailler leurs manuscrits pour qu'ils soient encore mieux, que ça réponde à tous les standards nécessaires. Donc, j'aurais une belle équipe en arrière de moi. Ça, ce serait vraiment le but ultime. Sinon, je suis une amoureuse des animaux. Donc, je m'ouvrirais un refuge pour les animaux, puis je les soignerais. Ça serait mes deux projets. Si j'avais illimité d'argent, là, ça serait ça que je ferais.

Jocelyne Sema:

Quel est le retour le plus inattendu que tu aies reçu Il y?

Paméla Chevrier:

a une femme d'un certain âge qui est venue me voir après avoir lu Madeleine. Puis elle m'a dit ça sort de toi tout ça, en voulant dire t'es tout petite, t'as l'air fragile, ça sort de toi. Puis il dit oui, oui, ça sort de moi tout ça.

Paméla Chevrier:

Elle dit je suis contente que tu ne sois pas comme ça, ça a été le retour le plus drôle et en même temps le plus mignon, parce que la madame, elle ne m'avait jamais vue, à part la photo derrière mon livre. elle ne m'avait jamais vue, elle ne m'avait jamais parlé, donc elle ne s'attardait pas du tout à voir une personne comme moi écrire des violences comme ça. J'ai trouvé ça drôle.

Jocelyne Sema:

C'est cute. Et quelle est l'opinion non populaire que tu as sur le domaine de la littérature? Une opinion peut-être un peu controversée, que tes collègues écrivains ou éditeurs ne partagent pas forcément.

Paméla Chevrier:

C'est une bonne question. Je n'y ai jamais pensé. Je dis vraiment tout ce que je pense dans la vie. Je n'ai pas remarqué si les gens appréciaient ou non nécessairement mon opinion. Je suis quelqu'un qui ne se dérange pas vraiment. C'est un peu difficile à répondre. Je dirais peut-être le fait que je ne recommande pas aux gens d'aller en maison d'édition à compte d'auteur, souvent, vu l'expérience que j'ai vécue. Mais tu sais, je la nomme à chaque fois que quelqu'un a un projet. Je démontre les trois options qui s'offrent L'auto-édition, la maison à compte d'auteur, la maison traditionnelle. Mais c'est sûr que je mets l'emphase sur si t'as pas beaucoup d'argent, va pas à compte d'auteur. Mais je pense que c'est la seule opinion qui a fait friser peut-être les oreilles de certaines personnes. Mais c'est libre à chacun. Puis tout le monde fait ce qu'il a envie.

Jocelyne Sema:

Si quelqu'un veut commencer à lire tes livres, c'est lequel que tu les recommanderais de commencer à lire Le journal d'un mouton noir.

Paméla Chevrier:

C'est celui que je recommande, parce qu'après, quand on embarque dans Madeleine, on peut comprendre la violence que je décris. Si la personne a envie, plus de rire, par contre, pour commencer, je vais lui dire lis mon petit recueil d'histoire de mère. Mais les gens, si c'est des gens qui aiment l'horreur, mais qui est vrai en même temps, là, je vais dire Le journal de la moutonnoir.

Jocelyne Sema:

Si, aujourd'hui, tu devais écrire une lettre à toi d'il y a allez, on va dire, 20 ans, qu'est-ce que tu mettrais dans cette lettre-là? Continue de te battre. Si ça arrêtait ça je me serais dit Ça serait un excellent dernier mot Continue de te battre.

Paméla Chevrier:

C mots. C'est vraiment beau. Ça serait juste ça la lettre. Il serait juste écrit ces mots-là Pas de Salut, Pam. comment ça va Blablabla.

Jocelyne Sema:

Juste, continue tes bêtes. Ça fait plaisir de voir aujourd'hui la femme que tu es. compte tenu de tout ce que tu as vécu, tu essaies de ne pas recommencer avec tes enfants ce que toi tu as vécu.

Paméla Chevrier:

Oui, je veux leur donner ce que moi je n'ai pas eu.

Jocelyne Sema:

Exact. Et puis, tu es très conscient de ta situation. Tu dis OK, je n'ai pas encore fini de guérir, je continue à guérir. Je trouve que c'est important de toujours s'auto-analyser et de voir où on en est, de toujours vouloir s'améliorer.

Paméla Chevrier:

Je crois qu'il y a eu du bien qui est sorti de tout ce mal-là. C'est un mal que j'aurais aimé ne pas vivre, mais je crois que ça m'a amené énormément de force de me dire bon, aujourd'hui, gars, t'as été capable de te lever de ton lit, c'est un bon pas. T'as été capable d'aller te faire un déjeuner, aujourd'hui, au lieu de rester couché puis de pleurer, c'est un bon pas. Je me suis toujours encouragée de cette façon-là, parce que je me suis dit s'il y a personne qui le fait pour moi, qui va le faire, et la seule personne qui est capable de se guérir, c'est soi-même. Donc, il faut se développer une force mentale, il faut se créer une barrière, aussi émotionnelle, à un moment donné, de se dire je peux pas me laisser tout le temps submergé par tout ce que je vis. Donc, là, pendant longtemps, j'ai vécu avec une grosse barrière, je me coupais de toutes mes émotions.

Paméla Chevrier:

Puis, à un moment donné là, j'ai fait ok, aujourd'hui, je m'autorise à en vivre parce que j'ai réussi à cheminer plus. Je suis plus forte que ce que j'étais il y a deux, trois mois, je m'autorise à en vivre. Juste d'y aller petit pas, par petit pas. Ça m'a énormément aidée. J'ai été chercher aussi de l'aide à l'extérieur. C'est sûr, je n'ai pas eu le choix. Non, les psys ne m'ont pas énormément aidée, mais ils m'ont donné certains outils quand même. Puis, ça, je ne peux pas le renier. Sans leur aide, je ne serais pas autant cheminée, nécessairement.

Paméla Chevrier:

J'ai été voir aussi, justement, le Kavak, qui m'a beaucoup aidée, qui m'a dit Ben gars, aujourd'hui, essaye de faire ça, ça, pis ça». Si tu réussis à faire ces trois choses-là, c'est déjà bien. Pis, c'est des petites choses vraiment banales, comme Sors, prendre une marche, parce que j'avais peur pendant longtemps d'aller marcher. Sors, prendre une marche, fais le tour juste de ton bloc. Là, à un moment donné, le tour du bloc est fait, parfait, je suis capable d'aller marcher sur le trottoir, je suis capable d'aller marcher jusqu'au parc, juste, des petites étapes, comme ça, ça m'a énormément aidée et ça m'a courir dans le bois. Je suis capable de faire des voyages avec mes enfants sans avoir peur. Je suis capable d'aller dans les événements littéraires. Avant, j'avais énormément peur Quand on m'a proposé de participer à des événements littéraires.

Paméla Chevrier:

J'avais la peur au ventre. Je conduisais jusqu'à l'événement et j'étais stressée. Ça n'avait aucun sens. Je me suis fait un cercle d'amis. Ce cercle d'amis connaissent une bonne partie de mon vécu. Ils m'ont tout le temps accompagnée. Ils m'ont dit qu'aujourd'hui, nous, on va être assis à cette table-là. Tu es assis à celle-là, on est à côté S'il y a quelque chose. Puis, d'événement en événement, j'ai eu de moins en moins peur. Puis, aujourd'hui, je suis capable d'y aller dessus. Ça ne me fait plus peur.

Jocelyne Sema:

Et c'est ça le vrai courage. Le vrai courage, ce n'est pas d'avoir peur. Le vrai courage, c'est d'y aller continuer encore une fois, même quand on a peur.

Paméla Chevrier:

Oui, j'ai échoué à plusieurs reprises, mais je me suis relevé aussi à chaque fois.

Jocelyne Sema:

Exact Et je pense que

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